Bruno Marignan - Les origines du waacking à Paris

Danse

Danseur, chorégraphe et pédagogue, Bruno Marignan fait partie de ceux qui ont façonné la scène waacking en France. Issu d’un parcours riche mêlant danses urbaines, jazz, afro-caribéennes et classiques, il a toujours cherché à faire dialoguer les styles avec rigueur et sensibilité.

Avant de le retrouver pour une dance class waacking à La Mona, on a voulu revenir avec lui sur ses débuts, la naissance du mouvement en France, et la place du waacking aujourd’hui - entre clubs, battles et transmission.

Peux-tu nous parler de tes débuts ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de danser, et par quelle discipline tu as commencé ?

Originaire de Martinique, j’ai commencé par pratiquer les danses afro-caribéennes comme le zouk, la mazurka, la biguine, le kompa, le Dancehall) mais aussi latines comme la salsa, le meringue ou le cha-cha. Géographiquement proches de l’Amérique du nord et du sud et des autres îles des caraïbes comme la Jamaïque ou Haïti nous sommes naturellement influencés par toutes ces cultures. J’ai découvert ensuite le hiphop au milieu des années 80. Ce fut un véritable coup de cœur qui n’a jamais cessé de me passionner.

Où as-tu appris et pratiqué la danse à tes débuts ? Tu sortais en club aussi ? Quels étaient les lieux ou les soirées où se retrouvaient les danseur·euses à l’époque ?

J’ai pratiqué la danse hiphop en soirée privée et en club comme « Le Globo », « Le bataclan » ou « la 5ème Dimension ». La house et le waacking à New-york dans les clubs comme « le Sound Factory » ou en soirée comme «La House dance conference » organisée par Brian Green.  En France en club comme « La Coupole », « Le Queen », « Le Rex club » ou encore « Le Djoon » (soirées cheers).

Chez Roger Boîte Funk - 1987/88 @Globo

Parlons plus précisément de waacking. Tu es l’un des premiers à avoir représenté ce style en France. Qu’est-ce qui t’a attiré dans le waacking ? Tu te souviens du moment où tu as découvert ce style ?

C’était en 2004, lors de mon second voyage à New York. Je m’y rendais à l’époque pour baigner dans la culture House et Hiphop. Je prenais surtout les cours de danse de Brian « Footwork » Green, membre du célèbre collectif new-yorkais Dance Fusion. Cette année-là j’ai découvert qu’il enseignait également le Waacking. J’y ai été tout d’abord par curiosité et là j’ai eu un nouveau coup de foudre. Au-delà de la musique disco et funk que j’écoutais et que j’appréciais  déjà, l’esthétique et l’histoire de cette danse m’ont fasciné.

À cette période, qui d’autre dansait le waacking à Paris ? Quels étaient les rendez-vous importants pour cette scène - workshops, événements, clubs ?

Peu de gens mais il y avait des danseuses comme Sandrine Sainte-croix, Sandrine Lil kiss ou encore Sonia Soulshine.

Sonia Soulshine @ La Mona Waacking Dance Class, février 2011, La Java - Photo par David Volants
Lil' Kiss @ La Mona Waacking Dance Contest, Avril 2018 - Photo par David Volants
Sandrine Sainte Croix (2015) - Photo Xavier Héraud

Aujourd’hui, le waacking s’est largement répandu dans les événements en France et à l’international. Pourtant, pendant plusieurs années, la danse est restée assez méconnue. À ton avis, pourquoi le waacking a-t-il mis du temps à trouver sa place et à fédérer une vraie communauté en France ?

Le waacking a mis du temps a trouver sa place à part entière en France car il était dans le début très souvent associé au hiphop, au locking plus précisément. Avec le temps et la maturité le waacking a commencé à se détacher du milieu hiphop pour exister par lui-même notamment à travers des événements 100% waacking comme « Le rendez-vous », « Le Streetstar », etc, ou des clubs comme la Mona.

Quelles différences vois-tu entre la scène waacking d’aujourd’hui et celle de tes débuts ? Et pour toi, le waacking reste-t-il une danse de club, ou il s’est détaché de ce contexte avec le développement des battles ?

Il est devenu international. Le waacking est pratiqué maintenant partout dans le monde. On le retrouve également dans les chorégraphies mainstream. Il y a également de plus en plus d’événements 100% waacking comme les battles et des soirées disco funk qui ont également contribué à le populariser. Ces 2 formes cohabitent et permettent de faire vivre cette culture.

On est super contents de te recevoir pour la dance class à La Mona. Comme tu sais, on kiffe le bon son. Peux-tu nous partager trois morceaux :
– un que tu écoutes en boucle en ce moment,
– un que tu aimes utiliser quand tu enseignes,
– et un qui te fait toujours vibrer ?

–Le son que j’écoute en boucle en ce moment : D’Angelo « Spanish joint »

–Celui que j’aime utiliser quand j’enseigne : Patrice Rushen « Haven't You Heard ».

–Celui qui me fait toujours vibrer : Michael Jackson « Don’t stop ‘til you get enough ».