Odd Sweet : entre Jazz et House, la danse comme héritage vivant

Danse

Danseur et chorégraphe italien installé en France, Odd Sweet partage son parcours entre House Dance et Swing, deux styles profondément liés par leur histoire et leur énergie. À quelques jours des premières de son spectacle _GROUND, il revient sur ses débuts, son processus de création et sa vision d’une danse qui transcende les mondes.


Retrouvez Odd Sweet au Théâtre de Suresnes le 18 et 19 janvier pour la première de _GROUND avec sa compagie Odd Visions, puis le 25 janvier au Théâtre de Colombes !‍

Compagnie Odd Visions avec les danseureuses de _GROUND
©lukino14880

Tu es danseur et chorégraphe italien basé en France depuis quelques années, spécialisé en House Dance et Swing, peux-tu nous parler de tes débuts ? Comment es-tu arrivé à la danse et plus spécifiquement à la House Dance ? 

Mon envie pour la danse a commencé depuis tout petit en Italie. À la télé je regardais MTV et les clips de Michael Jackson et j’adorais les films en noir et blanc de Charlie Chaplin.

J’allais aussi au théâtre regarder mon grand frère danser les ballets classiques, ce qui m’a certainement sensibilisé à la chorégraphie.

J’ai eu la chance de grandir à Pérouse (Perugia en italien) qui a été un des berceaux de la culture musicale House en Italie. À partir de mes 14 ans, j’ai commencé à entrer discrètement en boîte de nuit dont la plus connue est le Red Zone Club, un véritable temple de la musique où chaque samedi un DJ américain venait jouer ! J’ai fini par travailler en club en tant que danseur à l’âge de 17 ans. En parallèle, j’ai commencé à prendre mes premiers cours de danse hip hop et puis de house.

Osunlade et Odd Sweet
2007/2008

Kerri Chandler et Odd Sweet
2007/2008

Depuis combien de temps es tu en France ? Et quelles étaient tes motivations pour venir en France ?

Je suis arrivé en France en 2010 avec l’envie d’en savoir plus sur les danses hip hop, en particulier la house dance. Je suis venu pour apprendre la technique, l’histoire et également pour vivre cette culture. J’ai suivi pendant 3 ans la formation professionnelle de hip hop à la Juste Debout School, ce qui m’a permis d'acquérir le vocabulaire et l’énergie propre à chaque style. En parallèle, je multiplie les échanges avec les “anciens” pour mieux connaître et comprendre l’histoire de ces danses.
Le reste du temps j’étais en club !

Tu es connu à la fois comme danseur de House mais également comme danseur de Swing. Peux-tu nous parler du lien entre ces danses qui se pratiquent à priori sur des musiques différentes ?

Tout est né d’une question simple : quelles sont les origines des danses de club? À travers mes recherches personnelles, j’ai découvert rapidement le Jazz Vernaculaire, le Charleston et le Lindy Hop. Et là booom une révélation : le style, la classe, la technique, la rythmique de ces danseurs et danseuses m’ont profondément touché.
Pour mieux comprendre il faut commencer par dire que ces deux danses ont évolué dans les clubs et les ballrooms, portées par la communauté afro-américaine avec un besoin de liberté, d’expression et de revendication vis-à-vis du contexte socio-économique.

Techniquement, ces danses se concentrent beaucoup sur le travail des jambes, où la rythmique et les jeux de pieds sont essentiels. ("Hoofing” en house qui vient du surnom des tap dancers américains Hoofers lié au Hoofers Club)

Bien que la musique soit différente, la structure du jazz a influencé de nombreux genres ayant marqué la House, tels que le gospel, les sonorités latines, le funk, et bien d’autres.

Tu es en train de créer ton premier spectacle “_GROUND” [UnderGround]. Peux-tu nous en dire un peu plus à propos du spectacle ?

C’est un spectacle pour 5 interprètes qui met en relation deux univers : l’UnderGround et l’OverGround.

Le premier symbolise le monde de la nuit, de la fête, un endroit où on peut se libérer des codes et des conventions sociales. Le deuxième symbolise la vie quotidienne, la routine, le conformisme social. Dans la création (et parfois dans ma vie) ces deux mondes se contaminent l’un l’autre pour amener le public ailleurs et créer un nouveau monde.
J’ai choisi de travailler avec des spécialistes du swing (Coline Avril, Thanh Thanh Nguyen, Reda Bendahou et Camille Arrivé) pour pouvoir remanier les codes et les éléments propres au jazz au service du propos et de la chorégraphie. 

La musique a été créée spécialement pour le spectacle par le compositeur Killian Rebreyend. On y retrouve l’évolution du jazz jusqu’aux musiques électroniques en donnant un autre niveau de lecture aux spectateurs : un voyage temporel et chronologique.

C’est ton premier spectacle, peux-tu nous parler du travail que cela implique (et des multiples domaines concernés), notamment pour celles et ceux d’entre nous qui voient ça de l’extérieur ? (comment fais tu pour vivre pendant ce processus de création par exemple)

C’est énormément de boulot ! Il faut faire preuve de patience, d'organisation, de créativité, de pragmatisme, d’écoute et de prise de décision.

Concrètement, il s'agit de faire plusieurs métiers en même temps. Je m’occupe de l’administration, la comptabilité, la communication, la chorégraphie, la gestion et la logistique. Heureusement j’ai suivi une formation à La Fabrique de la Danse qui m’a permis d’acquérir des connaissances et avoir des outils qui me font gagner du temps au quotidien. Je suis également accompagné à la diffusion par Lucie Mariotto et à la communication par Camille Roy.

Il faut savoir qu’à partir de la conception du spectacle jusqu’à la date de première il faut compter 2 à 3 ans de préparation. Pendant ce temps, je travaille également en tant qu’interprète pour d’autres projets et compagnies. Ce qui me permet d’être intermittent du spectacle et de pouvoir me concentrer sur la création.


Tu vis pleinement de ton métier de danseur. Est-ce difficile ? et quels conseils aurais-tu à donner à une personne débutante qui souhaiterait en vivre ?

Oui c’est le cas. Ce n’est pas le métier le plus facile en termes de stabilité financière mais je l’aime aussi pour ça. Il me pousse à me réinventer et à continuer de me former. Dans ce domaine, on fait constamment de nouvelles rencontres et on découvre des façons inédites d’utiliser le mouvement.

Pour une personne qui débute je lui dirais simplement de rester soi même et de suivre son instinct pour façonner sa propre identité artistique !

Odd Sweet
©Daria Senin

Peux-tu nous donner 3 sons qui te font vibrer sur les dancefloors ?

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Retrouvez Odd Sweet au Théâtre de Suresnes le 18 et 19 janvier pour la première de son spectacle _GROUND avec sa compagie Odd Visions, puis le 25 janvier au Théâtre de Colombes !