Paul de Saint Paul : un parcours artistique autour de la passion pour le Waacking

Danse

Depuis sa rencontre avec le Waacking en 2011, le danseur espagnol Paul de Saint Paul n'a cessé de se forger un parcours unique, nourri de passion et d'influences multiples. Il fusionne ses racines espagnoles – l’énergie du Flamenco et l’audace du cinéma d’Almodóvar – avec l’univers flamboyant du Waacking. Créateur du Lyon Waacking Project, il s'emploie à fédérer les énergies autour de cette danse expressive, tout en dynamisant la scène lyonnaise avec des événements comme le festival Waacktober. Dans cet entretien, il partage ses débuts, sa vision de l'évolution du Waacking et ses projets ambitieux pour la danse en France.

Tu es danseur chorégraphe spécialisé dans le Waacking et très actif dans la scène actuelle. Quelles sont tes influences et comment es tu arrivé au Waacking?

Je suis arrivé au Waacking en 2011. Originaire d' Espagne je fais mes études en Histoire de l’Art à Salamanque, la ville où j’ai aussi commencé à prendre des cours de danse. À l'époque, je prenais tout ce que je pouvais en fonction de mon emploi du temps. Certains cours pas si bons et d’autres que je remercie encore aujourd’hui. 

Le waacking arrive en Espagne plus tard qu’en France et c’est à cette époque là que des groupes de danseur.euses commencent à voyager, à s'y intéresser et à donner des cours comme iels pouvaient avec les informations qu’iels arrivent à regrouper. Un jour, de tous les milliers de stages que je prenais,  j’étais très curieux pour celui de Waacking qui m’avait frappé. Dans le cours Rika Kamei, une étudiante en échange du Japon qui connaissait vraiment le Waacking et la Soul Dance m’avait vraiment donné envie de découvrir de plus en plus, et cette envie ne m’a jamais quitté.

Aujourd’hui ma danse boit de ce que je suis. Je suis très inspiré par l’Histoire de l’art, du cinéma Almodovarien, du Flamenco… le waacking est une danse qui parle de soit même et qui te pousse à chercher en toi afin de te trouver. Un chemin thérapeutique dans mon cas puisque ça a été vraiment révélateur.

Paul de Saint Paul (2016) crédit photo : Tony Noel

Peux tu nous parler de ton projet Lyon Waacking Project ? 

Lyon Waacking Project est né de l’envie de regrouper un ensemble des personnes liées pour un même besoin. En 2020 j’ai eu la proposition d’une de mes menteures Elisa Pinklady de former une équipe pour créer des choses sur ma ville Lyon. Ça faisait environ deux ou trois ans que j'enseignais et elle a vu en moi l’envie de développer et transmettre, d’aller plus loin dans ma démarche. À l’image de son collectif Torino Waacking Project, Pinklady m’a donné le coup de pouce pour créer ma réalité à Lyon.

Le LWP est un groupe de personnes très différentes entre iels, avec des parcours riches qui convergent sur un même dénominateur commun : Le Waacking. Des danseureuses, performers, punkers, DJs, activistes, comédiennes, fêtards et ami.e.s. qui mettent ses talents au service de la même danse qui nous passionne.

Le but était de se retrouver, de créer des choses ensemble : événements, fêtes, trainings, voyager et rencontrer d’autres scènes, faire des liens entre elles et grandir ensemble, représenter le Waacking avec notre personnalité. 

Comment se porte la scène danse à Lyon ? Quels sont les lieux où aller ou les DJs et collectifs à suivre si on aime les danses comme le Waacking, la House dance ou le Voguing ? 

Et bien Lyon Waacking Project n’est pas le seul collectif de Waacking sur Lyon ce qui est à mon avis très positif. C’est à -dire que différentes perspectives ou visions de voir le Waacking dans une ville qu’il y a 10 ans pouvait présumer d’un ou deux danseurs de Waacking est une chance et le produit de longues journées de travail.

Depuis trois ans, nous organisons un Festival de trois jours dédiés au Waacking en partenariat avec le Festival Karavel : Waacktober se passe au long d’un week-end. Le vendredi au Heat avec un DJ set nous avons invité Sofia l’an dernier et cette année Reine Claude en b2b avec LA VANDA ont mixé lors d’une initiation au Waacking de la part de Katerina. Ensuite samedi le battle suivie d’une after party au Sucre avec Naajet en première partie puis Djasra Leggo, Kiddy Smile et Manoo. Un line up top cette année.

En revanche la soirée lyonnaise n’est toujours pas un patrimoine de la danse et pour ça une partie de notre collectif s’est décidé à organiser une fête, elle s’appelle la WAW (What a Whack !) qui a pour but de redonner la soirée aux danseur euses. Un voyage de la Disco au Techno. La première édition a eu lieu cette année 2024 mais plein des nouvelles aventures arrivent pour la WAW, je suis ravi. D’autant plus je ne forme pas parti de cette organisation et c’est très gratifiant pour moi de me dire que toute la responsabilité ne retombe pas dans une seul personne sinon qu’une vraie communauté et une vraie scène travaille coude a à coude pour construire ensemble.

Le Waacking se développe beaucoup actuellement, quel regard portes-tu sur son évolution actuelle ?

Le Waacking a beaucoup évolué depuis mes premiers whacks. Aujourd’hui les informations sont plus accessibles, l’esthétique du waacking est aujourd’hui dans les théâtres, l’Opéra. Nous avons entre deux ou trois événements Waacking par mois. Un rêve très gourmand pour quelqu’un qui ne savait pas qui pouvait le danser il y a quelque temps. 

Derrière cela il y a beaucoup de travail, des gens qui ont été passionnés et n'ont pas lâché. Une scène qui présume d’être safe et pleine d’amour mais qui aujourd’hui appartient à beaucoup plus de personnes. L’enjeu pour moi se trouve là. Comment continuer à protéger une danse qui aujourd’hui se popularise à grands pas ? Je trouve qu’en Europe, c’est ce que je connais, beaucoup des personnes ont créé une structure pour que cette scène soit safe, un chemin tracé qui mérite d’être tenu en compte pour nous dans le présent et pour les générations qui arrivent afin d’évoluer d’une manière saine et que le waacking reste un lieu d'épanouissement et dans lequel se retrouver à soit même.

Quels sont tes projets actuels ? n’hésite pas à nous donner envie !

Mon projet les plus immédiat c’est de me poser quelques jours. Je viens d’organiser Waacktober le week end du 25 au 27 octobre et deux semaines avant avec le LWP nous avons organisé la soirée House on Fire à la Maison de la Danse. Une soirée organisée par des collectifs différents à chaque fois. Avec ma binome Lavanda on a choregraphié une performance pour l’occasion et qu’on aimerait bien tourner prochainement. Nous avons été invité.es par Rose Amélie Dacunha pour animer la soirée suite à la pièce DUB d’Amala Dianor. Deux événements de rentrée qui se sont passés avec succès et desquels je me sens chanceux de faire partie. 

Pour la suite, je commence une résidence avec Viola Chiarini pour une nouvelle création avec 5 interprètes au plateau qui s’appelle “Danser la Fureur” et dont j’ai vraiment hâte. Même si j’aime les événements waacking et les soirées, la scène fait partie de mes kiffs les plus profondes. J’ai aussi la chance de travailler avec Princess Madoki sur D.I.S.C.O et aussi Roméo et Juliette à l’Opéra de Paris donc j’ai hâte de cette nouvelle aventure.

En parallèle je donne toujours mes cours sur Lyon, des stages à droite et à gauche, bientôt on commencera l'organisation de notre battle de printemps avec ma binôme et host Gorgeous, un battle 2vs2 Waacking - “It's not over battle”. Et dès que le temps et l’énergie me le permettront, le prochain step sera de raconter mon/notre histoire sur scène, mais ça, il faudra rester attentif.es à la suite.

Peux tu nous nous donner tes 3 morceaux de coeur pour danser ?

Magic Bird of Fire - Salsoul Orchestra

Love is the message - MFSB

Hable con ella - Alberto Iglesias