R-ZO, danseur puis DJ, témoin de l’âge d’or du clubbing parisien

Club Culture

Danseur et témoin privilégié de l’âge d’or du Queen, des soirées Respect et des premières compétitions Juste Debout, DJ R-ZO raconte trente ans de nuits parisiennes. Entre nostalgie des débuts et vision actuelle du dancefloor.

Tu es DJ aujourd’hui, mais tu as d’abord commencé par la danse. Peux-tu nous raconter tes débuts ? Comment es-tu entré dans cet univers ?

Je suis rentré dans la danse à l'âge de 8 ans dans le Hip hop principalement, les grands de mon quartier m'ont inspiré et je suis de suite tombé sous le charme de cette expression.

Tu as connu la naissance de la House dance à Paris durant les années 90 avec notamment les soirées Respect, quel était le climat dans les clubs et au sein de la scène danse en général ? Était-ce une scène ouverte ou fallait-il faire face à certaines résistances ?

J'ai découvert la house dance à travers une vidéo sur la chaîne MTV ( MTV the grind) sur une plage où plusieurs personnes dansaient comme en club et il y avait un show de danse de 4 danseurs qui dansaient sur le morceau de Crystal Waters - 100% Pure Love et là j'ai flashé direct.

Ensuite en 1994 sur Paris j'ai rencontré un japonais (Tamaki) qui dansait la House et qui m'a amené au Queen, club emblématique de la nuit parisienne. Tous les mercredis c'était la soirée Respect Is Burning soirée où se mêlent hétéros et communauté LGBT, l'ensemble était magnifique concernant la vibe. Les DJs étaient très souvent des têtes d'affiche de renommée internationale. À ce moment-là j'ai rencontré les pionniers de la house parisienne et française (Mission Impossible avec Rabah, Didier, Icham...). Et de mon côté la 2ème génération avec mon groupe (Queen Step) Yugson, Ludo, Veusty, Tip Top, Bruno et moi-même. Une période dorée qui à amené à faire découvrir la house et le clubbing aux autres générations. Le club est une atmosphère transcendante au niveau sons et de partage...

soirée Respect is Burning / crédit photo Agnès Dahan

La House dance a ensuite connu un grand essor, notamment à travers la période des battles avec des événements comme Juste Debout. Comment perçois-tu la scène aujourd’hui ? Vois-tu une nouvelle génération prendre le relais, ou ressens-tu un risque de creux comme à New York à un moment donné ?

La house à connu son essor dans les années 2000 surtout à travers des évènements de danse tels que (juste debout, cercle underground, house dance forever...). Le premier battle où la house à été intégré était le juste debout en 2002 et j'y ai participé la première fois. Je me suis dit pourquoi pas essayer d'intégrer ce style dans un battle en sachant que cette danse était plus pratiquée en club que dans des événements car l'esprit de cette danse avait pour vocation de partage,communion entre tous (danseurs ou pas) c'était le plus important.

À quel moment as-tu eu envie de passer derrière les platines ? En quoi ton parcours de danseur a-t-il influencé ta manière d’aborder le DJing ?

J'ai le coup de coeur du mix en partie grâce à Didier aka Tijo Aimé. Comme je le connaissais déjà en tant que danseur et je le trouvais tellement à l'aise sur la musique. Pendant les débuts du juste debout je l'ai vu pour la première derrière les platines et là je me suis bah voilà pourquoi il danse si bien 'il connaît la musique etc... Et grâce à lui je eu le flash pour débuter le mix, ensuite j'ai rencontré beaucoup de DJ dont un qui m'a laissé ma chance pour un premier gig officiel sur Paris : Dj Rork dj français très reconnu en France et à l'international principalement dans la deep et soulful. J'ai eu le privilège de faire son warm up et j'ai été très honoré de la présence ce soir là de Tijo Aimé, la pression était au max pour moi et ils ont réussi à me mettre à l'aise.

Puis s'en est suivis des petits gigs dans des bars jusqu'à la date qui m'a un peu propulsé : le Juste Debout surtout en tant que dj officiel accompagné de Tijo Aimé pour la partie house puis j'ai pu me faire connaître à l'international à des évènements comme Streetstar en Suède et Soul Session Oslo en Norvège pendant plus d'une dizaine d'années.

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DJ Rork
Tijo Aimé · Profil d'artiste
Tijo Aimé

Selon toi, qu’est-ce qui a le plus changé dans le clubbing depuis 30 ans ? Comment ont évolué les DJ, la musique et l’ambiance des soirées ?

Le clubbing dans les années 90-2000 était vraiment authentique je dirais comme les gens n'étaient pas constamment sur leurs téléphones ou réseaux sociaux donc vivre l'instant présent en communion avec la musique, le corps du coup c'était plus vrai. Mais aujourd'hui tout à changé, enfin c'est mon opinion, les gens ne s'amusent presque plus du tout, la plupart des clubbers viennent surtout pour voir un dj du moment où un style bien précis, avant on venait pour découvrir des DJs et voir certains que l'on connaissait de nom, car il allait faire vibrer.

Au niveau son je dirais que la musique d'aujourd'hui pratiquement dans certains styles n'est pas aussi élaborée et profonde qu'avant, car à l'époque nous prenions le temps d'écouter la musique, s'enivrer et le dj communiait beaucoup avec le dancefloor.

Tes sets sont reconnus pour leur groove et leur énergie dansante. La Boogie Room de La Mona semble être un terrain de jeu parfait pour toi : quel type de cocktail musical comptes-tu y proposer, peux-tu nous partager 3 sons que tu vas sûrement mixer ?

Depuis mes débuts de mix house je faisais beaucoup de recherches dans les disquaires pour pouvoir trouver un son qui me ferait vibrer, qui soit nourri du début à la fin et être aussi vaste dans certains styles (deep, soulful, tribal, techno groove...). Je faisais découvrir un univers au public à travers mes sets variés, raconter, donner une vibe qui ne pourrait quitter le public (entre sons mélodieux, profonds et percutants).

Concernant La Mona j'y ai joué plusieurs fois et je suis dans de bonnes conditions (orga, public...). La boogie room est top car je peux avoir carte blanche pour divers styles et me mettre en mode (Gilles Peterson un artiste hyper talentueux qui aime la musique peut importe le style) donc ça me correspond à ce niveau là.

Les 3 tracks que je pourrais éventuellement jouer le 8 novembre :

Red Rack'em - Wonky Bassline Disco Banger

KYBBA, KALASH, BOUNTY KILLER, BUSY SIGNAL, BARRINGTON LEVY - 90S

Wu-Tang Clan - Protect Ya Neck (The Jump Off)