Jive Turkey le berceau de la Bleep Techno à Sheffield en 1985

Club Culture

Quand il s'agit de parler de la révolution musicale qu'a été la House music en Angleterre on ignore trop souvent l'histoire de « Jive Turkey » club de Sheffield, ville du nord, berceau de la métallurgie, dont le tissu industriel en déclin et la riche âme musicale évoquent l'esprit de Detroit aux US. Souvent cité dans l'ombre de l'Hacienda, club mancunien où débute en 1987 un certain DJ Pedro, aka Laurent Garnier, et davantage évoqué dans le récit fondateur de la House anglaise, Jive Turkey est fondé dès 1985 par DJ Parrot, rapidement rejoint par Winston Hazel derrière les platines, au premier étage d'un restaurant au style démodé pour l'époque. Leurs choix musicaux très avant-gardistes : Jazz Funk, Electro, Proto House, Street Soul, correspondent aux goûts d'une jeunesse locale working class aux moyens modestes mais aux identités artistiques très affirmées. Ce trait est tout à fait caractéristique de la ville de Sheffield d'où proviennent Cabaret Voltaire, Human League ou encore le label Warp - dont les premiers maxis seront produits par Parrot (Sweet Exorcist "Testone") et Hazel (Forgemasters "Track With No Name"), fondant ainsi, aux côtés de LFO, le genre Bleep Techno en 1989. Le cocktail musical de Jive Turkey prend immédiatement et le club attire en proportions égales jeunesse noire et blanche, préférant, du moins au début, les pas de danse hérités de la scène jazz fusion, à la consommation d'alcool et autres produits. Par la suite, l'ecstasy finit par pénétrer le club et les exigences musicales du public se transforment sous son influence, après l’euphorie initiale les danseurs quittent le tableau et, désintéressés, les deux DJs décident de mettre un terme à l'aventure en 1992. Néanmoins, tant sur l'ouverture d'esprit musical que sur le plan de l'inclusivité sociale et ethnique, le club devient source d'inspiration pour de nombreux artistes qui le fréquentent durant ses premières années (1985-88), comme la réalisatrice Juliet Ellis ou le DJ Luke Una, fondateur de Electric Chair et Homoelectric... et que l'on a reçu de nombreuses fois à la Mona !

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